Le couvent des Minimes, fondé en 1617 par le marquis d’Aubeterre François d’Esparbès de Lussan et sa femme est aujourd’hui propriété privée (Maison de Retraite). Seule la chapelle est accessible au public.
Une dizaine de moines venus de la maison-mère de Blaye en Gironde s’installèrent à Aubeterre au début du XVIIe siècle. Les Minimes font partie des grands ordres mendiants, comme les Franciscains (Cordeliers) dont ils sont issus. Arrivés à Aubeterre suite à la Contre-Réforme, ils vont reprendre en main l’autorité religieuse. Architecture classique début XVIIe dans la structure d’ensemble, mais mélange des styles : gothique tardif pour les baies, les voûtes d’ogives retombent sur des consoles baroques. A l’origine, le plan intérieur se composait de quarte travées, d’une nef unique avec deux chapelles latérales et d’un chevet plat.. retable
Le grand retable classique début XVIIIe siècle surprend. Il est rare de voir des retables en pierre aussi grands dans nos églises de campagne ; ils sont plutôt de style baroque, en bois peint. Ici, les grandes colonnes corinthiennes surmontées d’un entablement sculpté et d’un important fronton en font un exemple parfait de ce goût prononcé pour un retour à l’antique. En dessous du retable, un relief sculpté et peint montre une composition symétrique d’anges tenant dans leurs mains des soleils.
Le cloître aux lignes pures, atmosphère minérale et lumineuse, ressemble fortement à celui de Blaye, maison-mère des Minimes d’Aubeterre.
La qualité de la taille de la pierre et l’agencement des volumes font de ce cloître une réussite architecturale. Là encore, peu de cloîtres sont encore intacts dans la région : à Chalais, Cognac ou La Rochefoucauld.
Etablis à Aubeterre depuis le XIIIe siècle, les Cordeliers étaient puissants et possédaient de nombreuses terres et dépendances. Ils avaient aussi en charge l’Hôpital dans le bas du village : ils accueillaient et soignaient les pèlerins de Compostelle.
Aujourd’hui, sur un mur d’une maison particulière, seules une arcade visible et trois baies aveugles ornées d’une coquille Saint-Jacques (ici motif ornemental de la Renaissance italienne repris dans l’architecture classique à la française) sont tout ce qu’il reste de la chapelle du monastère des Cordeliers. Leur monastère détruit pendant les guerres de Religion, eux-mêmes chassés, les Cordeliers seront remplacés à Aubeterre par les moines Minimes.
A partir de 1620, la congrégation des Sœurs de Sainte-Claire s’installe dans le village. Elles accueillaient les filles de bonne famille venues se retirer dans ce couvent. Après la Révolution, l’ancien couvent comme les autres biens religieux sont vendus en biens nationaux. Depuis ce jour, l’ancien couvent des Clarisses est une grande propriété privée dont la façade s’ouvre par un proche surmonté d’une tour début XVIIe. Cette tour, surmontée de mâchicoulis sur consoles et d’un chemin de ronde, témoigne du passé militaire du bâtiment : Avant d’être un couvent de nonnes, c’était un bastion qui protégeait le haut de la cité, faisant face au château dominant également la vallée de la Dronne.
Ne restent de l’ancien château féodal que le châtelet d’entrée du XVIe siècle et les communs transformés aujourd’hui en habitation. Le corps de logis a été complètement démantelé quand son dernier propriétaire l’a vendu pierre par pierre en 1820.
En descendant la rue St-Jacques vers la place principale, le panorama du château sur la falaise, avec les maisons aux balcons de bois en contrebas, rappelle ces petits villages du Sud.
Ludovic TRARIEUX est né à Aubeterre le 30 novembre 1840.
Brillant élève, il devient avocat à 22ans et bâtonnier à 37 ans au Barreau de Bordeaux.
Député de la Gironde puis sénateur jusqu’à sa mort, il sera aussi conseiller général de la Charente en 1883 et nommé garde des sceaux en 1885. Il avait rejoint Paris en 1881. Le 19 décembre 1894 débute le procès du capitaine Dreyfus. Convaincu de son innocence, Trarieux va alors devenir l’infatigable défenseur de l’accusé , sacrifiant sa carrière professionnelle et sa carrière politique. En désavouant les militaires, en affrontant les nationalistes et les antisémites, ce républicain fervent s’engage alors dans une lutte passionnée pour la défense de la liberté et de la justice.
Durant le procès de Zola en 1898 pour lequel il témoigne après la publication du célèbre « J’accuse »; il décide de fonder; après en avoir rédigé les statuts avec quelques amis; ce qui va devenir le 4 juin
1898, La Ligue Française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen, dont il sera le premier président. Le 4 juillet 1898, le premier manifeste de la ligue proclamait : « à partir de ce jour, toute personne dont la liberté serait menacée ou dont le droit serait violé, est assurée de trouver auprès de nous aide et assistance.
Le 12 juillet 1906, la condamnation de Dreyfus est annulée et il reçoit la légion d’honneur. Trarieux est mort depuis deux ans mais la ligue des Droits de l’Homme, forte de plusieurs milliers de membres dont le docteur Gaillardon d’Aubeterre, se répand dans le monde et agit pour la défense des libertés menacées et de la démocratie politique.
En 1985, l’institut des Droits de l’Homme du barreau de Bordeaux crée un prix international Ludovic Trarieux, destiné « à être décerné à un avocat qui aura illustré par son oeuvre, son activité ou ses souffrances, la défense des droits de l’Homme et de la Défense, la lutte contre le racisme et l’intolérance sous toutes ses formes ».
Nelson Mandela en est le premier lauréat.
Un espace d’exposition permet de découvrir des documents relatifs à la vie de Trarieux dans les caves de sa maison natale rue Barbecane. La visite en est gratuite. L’association EDHLUT, céée en 2003 à Aubeterre, a pour but de rendre hommage à l’homme serviable, courtois et déterminé que fut Ludovic Trarieux. Son buste en bronze installé au centre du village en 1928, enlevé et fondu durant l’occupation, volé en 1987, puis remplacé, rappelle à tous le souvenir de notre illustre concitoyen.